« Le cœur des Français », ainsi se nomme le vaste sondage mené par Harris Interactive pour Challenges du 19 au 26 juillet 2021, sur un échantillon de 10 000 personnes représentatives de la population française, âgée de 18 ans et plus. L’objectif ? Se concentrer sur les structurants de la société française et, notamment, sur les valeurs qui l’animent. Le végétal serait-il de la partie ?
Le métier idéal pour mon enfant serait…paysagiste !
Une des parties du questionnaire concernait le « métier idéal ». Il en ressort que les Français privilégient désormais le fait de « vivre de sa passion » et d’avoir un métier « utile, qui sert à la société » plutôt que de « bien gagner sa vie ».
Cependant, dans les chiffres, la tendance paraît inverse : les Français souhaitent pour leurs enfants une profession avec un haut niveau d’études témoignant d’un rang social élevé. C’est ainsi que pointent entre la première et la huitième position des métiers tels qu’ingénieurs, médecins, chercheurs, experts du numérique, cadres managers… Une façon de se rassurer face au chômage qui est l’une des préoccupations majeures de la société.
C’est là que les choses deviennent intéressantes : en neuvième position émergent les métiers « passion » et, notamment, ceux de paysagiste, jardinier et fleuriste ! Certes plus risqués et parfois moins rémunérés, ces métiers sont considérés comme épanouissants car à la fois manuels, créatifs et utiles !
Un métier qui répond aux tendances sociétales…
Le dossier de l’enquête intègre un descriptif général des métiers de paysagiste, jardinier, fleuriste, dont voici quelques chiffres :
- effectifs : 97 300, dont 70 300 salariés ;
- rémunération annuelle de 18 000 euros brut en début de carrière à 54 000 euros en fin de carrière.
Sont également mis en avant les atouts et inconvénients :
- le plus : la diversité des carrières, des savoir-faire et des compétences ;
- le moins : la pénibilité du travail en extérieur.
Paradoxalement, cette condition de travail en extérieur est aussi l’un des atouts du métier de jardinier en permettant de travailler dehors, à l’air libre, au milieu des plantes, au plus près de la nature. Des aspirations résolument actuelles, mises en exergue par les confinements répétés et la crise sanitaire que nous connaissons depuis 2020. En effet, suite au premier confinement, les Français ont largement plébiscité la nature et le jardin.
… et qui attire les jeunes
Cette position de nos métiers du végétal et du paysage dans le top 10 des métiers souhaités par les Français pour leurs enfants est, notamment, due aux plus jeunes : 68 % des 18 à 35 ans les ont plébiscités.
Pour Laurent Bizot, président de l’Union nationale des entreprises de paysage (Unep) qui porte de nombreux projets pour soutenir la filière paysage, « cette attirance répond à une recherche de sens et fait naître un sentiment de fierté chez ceux qui exercent ces métiers ». Avant d’ajouter : « nous attirons les jeunes certes, mais aussi les gens en reconversion ».
Horticulteur, pépiniériste, agent municipal gestionnaire des espaces verts, fleuriste de quartier, jardinier pour des particuliers, créateur de jardins privés, paysagiste concepteur… les métiers et statuts sont variés, tout comme les rémunérations et les formations qui vont du CAP au bac +5, en passant par le BTS.
L’essentiel est d’aimer travailler au contact de la nature, de s’intéresser aux plantes, d’avoir un certain sens de l’esthétique, de la composition, et un grand respect du vivant. Sans oublier qu’en étant aujourd’hui une réponse aux enjeux écologiques et climatiques, la filière innove sans cesse pour végétaliser durablement les villes.
Alors que le dernier baromètre Une-Val’hor-Agrica pointait la difficulté de la filière du paysage à embaucher, un paradoxe émerge donc : nos métiers séduisent, notamment grâce à la transition écologique qui a fait exploser les besoins en matière de végétalisation. Mais les jeunes sont-ils prêts à sauter le pas et à s’engager en tant que professionnels du paysage mobilisés pour la relance verte ?